Archives mensuelles : mars 2022

Le cheval

Nous retrouvons les dons de la création, et nous retournons à notre étude des animaux de l’Écriture Sainte. Poursuivant les hébreux dans l’Exode (Ex 15, 21), appelés par les 4 Vivants dans l’Apocalypse (Ap 6), où monté par le Verbe de Dieu (Ap 19, 11), le cheval est cité plus de 150 fois dans la Bible.

Le cheval est un animal domestique au service de l’homme qui utilise sa force, pour débarder, tirer des chars ou des carrosses, mais surtout, avant les moteurs à explosion ou à réaction, la force du cheval était utilisée pour faire la guerre. C’est-à-dire que le cheval est utile pour obtenir ce qui s’obtient difficilement, ce qui suppose un combat pour être acquis.

En soi, le cheval est dénué de raison (Ps 32, 9) mais grâce au mors et à la bride, sa puissance est dirigée par l’homme et peut désigner une puissance rationnelle. C’est pourquoi le cheval, si souvent cité dans l’Écriture désigne la puissance irascible, la force à mettre en œuvre pour transformer le monde et pour nous transformer, nous engager dans le combat vers le bien.

Et c’est souvent un véritable combat de maintenir cette puissance obédientielle vers le Verbe. C’est pourquoi le Christ nous aide sans relâche. Relisons ce verset 11 de l’Apocalypse 19 « … et un cheval blanc apparut. Celui qui le monte s’appelle « fidèle » et « véritable » ; il juge et fait la guerre avec justice ». Remercions Dieu de cette assistance, sans laquelle il serait bien difficile de n’être pas désarçonné.

Les 4 Vivants – le Tétramorphe

Nous les avons étudiés chacun séparément, mais l’aigle, le lion, le taureau et la face d’homme sont toujours représentés ensemble, et nous nous devons de conclure notre étude en les observant non plus individuellement, mais en tant qu’« unité symbolique ».

Les 4 Vivants forment un tout, le « Tétramorphe ». Puissance régulatrice de production de la parole (lion), Désir du Père (taureau), Puissance de discrimination par l’intelligence contemplative (aigle) et Puissance d’exégèse et d’action de grâce (face d’homme).

Le Christ ressuscité est entouré de ces 4 symboles car ils montrent la puissance du Verbe incarné, vrai Homme et vrai Dieu. En tant qu’homme, Il nous montre l’homme pleinement réalisé dans sa relation à Dieu. Et en tant que Dieu, le principe de création et puissance de révélation. Nous n’oublions pas que dans l’Écriture Sainte, les animaux symbolisent toujours des aspects de la vie psychique de l’homme, et nous ajoutons ici que nous les voyons ailés, soulignant le côté spirituel.

Dans le mythe d’Œdipe, la mythologie nous raconte que le héros résout une énigme posée par une « sphinge » (féminin de sphinx), chimère monstrueuse qui dévore tous ceux qui ne donnent pas la bonne réponse. Et cette sphinge est précisément « composée » d’un corps de lion, des ailes d’aigle, et d’un buste et d’un visage de femme. Il manque le taureau, n’est-ce pas, et les autres sont en morceaux. Y aurait-il là quelque mystère à éclaircir ?

Enfin, chez Ezéchiel, les 4 Vivants forment comme un char de la divinité (Ez 1), et Saint Jean les décrit (Ap, 4, 7) appelant les 4 chevaux de l’Apocalypse (Ap 6, 1-8), voilà qui nous donne un indice sur le prochain animal que nous étudierons.

L’aigle

Dans la bible, les animaux sont très fortement présents, dès le serpent de la Genèse. Et comme toutes les images que l’Écriture contient, ils sont à interpréter symboliquement. Ainsi, les animaux nous montrent des capacités psychiques de l’homme. Aujourd’hui nous parlons de l’aigle.

En plus de sa grande beauté, l’aigle vole en planant très haut, toujours d’une façon majestueuse. Sa vue perçante lui permet de distinguer une souris à 1500m de hauteur. Voler si haut lui permet de voir d’un seul coup d’œil ce qu’un vol plus bas obligerait à voir partie par partie. Il voit donc l’« ensemble du paysage ». Et ses serres puissantes, saisissent avec précision et force ses proies.

C’est pourquoi l’aigle, si souvent cité dans l’Écriture (31 fois) désigne l’intelligence contemplative, « angélique », à laquelle nous pouvons participer par une élévation de notre regard, de notre écoute, à l’accueil de l’inspiration qui peut survenir à chaque instant, dans notre sommeil sous forme de songe, ou par vision dans la prière profonde de l’hésychasme, et qui nous permettent alors de saisir, de comprendre, les réalités spirituelles profondes, et leur beauté.  Ce n’est donc pas pour rien que l’évangéliste Saint Jean, dont l’enseignement nous amène à ces hauteurs, est apparenté à l’Aigle, parmi les quatre Vivants (Saint Marc le lionSaint Matthieu la face d’homme, et Saint Luc le taureau).