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Les 4 Vivants – le Tétramorphe

Nous les avons étudiés chacun séparément, mais l’aigle, le lion, le taureau et la face d’homme sont toujours représentés ensemble, et nous nous devons de conclure notre étude en les observant non plus individuellement, mais en tant qu’« unité symbolique ».

Les 4 Vivants forment un tout, le « Tétramorphe ». Puissance régulatrice de production de la parole (lion), Désir du Père (taureau), Puissance de discrimination par l’intelligence contemplative (aigle) et Puissance d’exégèse et d’action de grâce (face d’homme).

Le Christ ressuscité est entouré de ces 4 symboles car ils montrent la puissance du Verbe incarné, vrai Homme et vrai Dieu. En tant qu’homme, Il nous montre l’homme pleinement réalisé dans sa relation à Dieu. Et en tant que Dieu, le principe de création et puissance de révélation. Nous n’oublions pas que dans l’Écriture Sainte, les animaux symbolisent toujours des aspects de la vie psychique de l’homme, et nous ajoutons ici que nous les voyons ailés, soulignant le côté spirituel.

Dans le mythe d’Œdipe, la mythologie nous raconte que le héros résout une énigme posée par une « sphinge » (féminin de sphinx), chimère monstrueuse qui dévore tous ceux qui ne donnent pas la bonne réponse. Et cette sphinge est précisément « composée » d’un corps de lion, des ailes d’aigle, et d’un buste et d’un visage de femme. Il manque le taureau, n’est-ce pas, et les autres sont en morceaux. Y aurait-il là quelque mystère à éclaircir ?

Enfin, chez Ezéchiel, les 4 Vivants forment comme un char de la divinité (Ez 1), et Saint Jean les décrit (Ap, 4, 7) appelant les 4 chevaux de l’Apocalypse (Ap 6, 1-8), voilà qui nous donne un indice sur le prochain animal que nous étudierons.

L’aigle

Dans la bible, les animaux sont très fortement présents, dès le serpent de la Genèse. Et comme toutes les images que l’Écriture contient, ils sont à interpréter symboliquement. Ainsi, les animaux nous montrent des capacités psychiques de l’homme. Aujourd’hui nous parlons de l’aigle.

En plus de sa grande beauté, l’aigle vole en planant très haut, toujours d’une façon majestueuse. Sa vue perçante lui permet de distinguer une souris à 1500m de hauteur. Voler si haut lui permet de voir d’un seul coup d’œil ce qu’un vol plus bas obligerait à voir partie par partie. Il voit donc l’« ensemble du paysage ». Et ses serres puissantes, saisissent avec précision et force ses proies.

C’est pourquoi l’aigle, si souvent cité dans l’Écriture (31 fois) désigne l’intelligence contemplative, « angélique », à laquelle nous pouvons participer par une élévation de notre regard, de notre écoute, à l’accueil de l’inspiration qui peut survenir à chaque instant, dans notre sommeil sous forme de songe, ou par vision dans la prière profonde de l’hésychasme, et qui nous permettent alors de saisir, de comprendre, les réalités spirituelles profondes, et leur beauté.  Ce n’est donc pas pour rien que l’évangéliste Saint Jean, dont l’enseignement nous amène à ces hauteurs, est apparenté à l’Aigle, parmi les quatre Vivants (Saint Marc le lionSaint Matthieu la face d’homme, et Saint Luc le taureau).

La face d’homme

Jusqu’ici, nous avons parlé d’animaux, et nous continuerons. Mais l’aigle, le lion et le taureau, comme nous l’avons observé sont parmi les 4 Vivants, qui, comme les évangélistes, entourent le Christ ressuscité. Nous finissons la série, en parlant de « la face d’homme ».

La face d’homme condense en elle toute notre identité et notre rapport au monde et aux autres, grâce aux cinq sens et à nos états d’âme qui s’y lisent aisément. Elle nous permet de communiquer, elle montre notre race, notre âge, notre humeur, notre rapport social. Elle est « pour l’autre » et nous ne voyons pas notre propre face, qui se tourne vers l’autre, vers notre altérité. De plus, elle condense en elle-même les trois autres vivants, l’aigle par les yeux, le lion par la gorge et la voix, et le taureau, car c’est par la face que le désir s’exprime.

Quelle est notre réelle altérité ? À quoi peut faire face la Face humaine, sinon au Dieu Créateur de toutes choses ? Et pourquoi faire sinon pour lui rendre grâce, par la Parole humaine qui fait connaître l’acte de reconnaissance. Action de grâce donc, mais exégèse aussi, car la face montre l’intérieur à l’extérieur. La Face humaine symbolise donc la puissance d’exégèse du Verbe et son action de grâce.

Nous comprenons que Le Christ, le Verbe incarné, s’est incarné pour ouvrir notre intelligence à la compréhension de la Vérité révélée (Luc 24, 45), nous a ouvert la voie de l’action de grâce parfaite (1 Co 11, 23-14).
L’évangéliste Saint Mathieu, est apparenté à la face d’homme.

Le taureau

Dans la bible, les animaux sont très fortement présents dès le serpent de la Genèse. Et comme toutes les images que l’Écriture contient, ils sont à interpréter symboliquement. Ainsi, les animaux nous montrent des capacités psychiques de l’homme. Aujourd’hui nous parlons du taureau.

Le taureau nous montre une violence sans discernement, ses cornes déchirent, éventrent, transpercent, et sa puissance d’insémination est sans limite. Châtré, le bœuf sert encore à inséminer… la terre, en tirant la charrue. Image de l’animalité pure et de la puissance non maîtrisée, il est à sacrifier, comme dans ce rituel pré-chrétien de la corrida, où l’homme apprend à dominer et transcender sa propre animalité, ou sur l’autel du temple de Jérusalem.

L’Aleph, 1ère lettre de l’alphabet hébreu et dont le hiéroglyphe antique est un taureau, nous montre le principe de création. Le taureau désigne le désir primordial de l’homme, antérieur à tous les autres, le désir de Dieu. Et il doit être châtré, pour qu’il n’engendre pas d’autres désirs qui nous en détourneraient. Il reste fécond pour inséminer notre Nature Humaine et servir sa transformation et sa réalisation.

Nous comprenons pourquoi un Taureau entoure le Christ, qui est le Fils et par Lui seul nous voyons le Père (Jn 14:9). Le Christ est le principe même de la création (Jn 1:3, Co 1:16), Il est pleinement le désir du Père, manifesté au Jourdain : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en Lui, je me suis désiré » (Matthieu 3:17)
L’évangéliste Saint Luc, est apparenté au Taureau.

Le lion

Dans la bible, les animaux sont très fortement présents dès le serpent de la Genèse. Et comme toutes les images que l’Écriture contient, ils sont à interpréter symboliquement. Ainsi, les animaux nous montrent des capacités psychiques de l’homme. Aujourd’hui nous parlons du lion.

Lent et noble, le « roi des animaux » montre une puissance calme, qui peut devenir imposante voire « dévorante ». Son rugissement résonne et terrifie sa proie à des lieues de distance. La loi du lion n’est pas discutée sous peine d’une punition définitive et mortelle. Il est celui qui régule les autres animaux, et ce qu’il symbolise doit donc réguler nos instances psychiques. (Régulus n’est-elle pas la principale étoile de la constellation du lion ?)

Le lion désigne la puissance de régulation de la raison dans les actes et l’assimilation des formes du monde. Mais cette assimilation doit être un éveil, une occasion de perfectionnement, et non une dévoration. L’oubli de Dieu transforme l’usage raisonné du monde en son exploitation insensée, la raison devient dévorante et tyrannique. Jésus est le « Lion de Juda » (Ap-5:5), mais le diable est un « lion rugissant, cherchant à dévorer » (1P-5:8)

Nous comprenons pourquoi dans le tétramorphe, les Quatre Vivants, un lion entoure le Christ. Il nous montre comment par la raison et l’intelligence, qui amènent à l’amour, Jésus nous enseigne à écouter, accueillir, et réguler. L’évangéliste Saint Marc, disciple de Simon-Pierre le chef des apôtres, est apparenté au Lion.

Tétramorphe – Porche de la cathédrale Saint Trophime à Arles